Quand le bonheur est soudain si proche

L'équipe du BIrsmattehof à Therwil, Bâle-Campagne. Nicole Tanner est la troisième à partir de la gauche.

L'équipe du Birsmattehof à Therwil, Bâle-Campagne. Nicole Tanner est la troisième à partir de la gauche. Photo Nicolas Gysin

Concilier l'économie, l'écologie et le social est l'un des grands défis actuels. L'alimentation humaine, et donc le secteur agroalimentaire et en particulier l'agriculture durable, ont un rôle central à jouer dans ce contexte. Comment produire des aliments sains dans des conditions climatiques changeantes tout en respectant l'environnement et en préservant ainsi les ressources ? Comment pouvons-nous contribuer nous-mêmes à un système alimentaire plus durable ? C'est sur ces questions que nous avons interviewé l'agricultrice Nicole Tanner du Birsmattehof, une ferme bio située à Therwil près de Bâle. Depuis 1981, la ferme Birsmattehof cultive des légumes selon les directives de Bio Suisse. De manière saisonnière et diversifiée.

L'interview fait partie de nos informations sur la campagne 2023

Madame Tanner, que comprend l'agriculture durable en Suisse ?

Pour moi, l'agriculture durable est une pratique agricole que nous pourrons encore pratiquer dans 100 ans et qui assure une préservation durable de la fertilité naturelle. Une agriculture adaptée à la région et à sa fonction d'habitat pour les hommes et leur alimentation. Pour que davantage d'exploitations pratiquent une agriculture durable, il est nécessaire d'agir. Il existe déjà de bonnes pratiques écologiques dans les exploitations biologiques, mais quel pourcentage de la production totale cela représente-t-il ? 10 à 20 pour cent, selon qu'il s'agit de céréales, de légumes ou de produits animaux. La production doit être adaptée au site. Pour moi, les importations d'aliments pour animaux pour la production de viande n'en font pas partie. Le commerce et l'échange doivent exister là où cela a un sens pour une production durable. Les consommateurs* doivent apporter leur contribution, par exemple en s'abstenant d'acheter des produits qui sont acheminés à l'aide de techniques de réfrigération coûteuses et de longues distances de transport. Et ils ne doivent pas se contenter de regarder ce qu'ils achètent, ils devraient aussi utiliser les courts trajets pour faire leurs courses sur place sans voiture.

Quelle est l'importance de la certification par un label bio, mot-clé "confiance" ?

Le label, en lequel on peut avoir confiance, me facilite la décision lors de l'achat. Le label est mon partenaire qui regarde de plus près comment se passe le transport, si des pesticides ou des engrais sont utilisés et lesquels, et si le sol est préservé durablement comme base naturelle de production. Avec le Bourgeon de Bio Suisse, nous avons en Suisse un label dans lequel j'ai une grande confiance. Il est bien clair qu'il n'y a jamais de garantie à cent pour cent, et il est aussi important de continuer à développer un label. Mais nous sommes sur la bonne voie.

Quelle est l'importance de la formation pour vous en tant que producteurs* et, dans votre ferme, pour le personnel, afin d'anticiper et de réagir correctement aux changements climatiques ?

Nous parlons de durabilité et de labels bio dans l'alimentation. Nous avons aujourd'hui affaire à des chaînes de création de valeur très diversifiées dans l'alimentation. L'éducation est importante dans la mesure où elle permet de comprendre les causes du changement climatique, par exemple, au sein du système alimentaire. Pour nous, en tant qu'agriculteurs*, l'éducation est importante pour que nous puissions situer notre pratique agricole, la manière dont nous traitons le sol et les aliments produits, la manière dont nous traitons les aliments. Nous devons comprendre où l'on peut faire des compromis et quelles sont les conséquences de notre intervention dans la nature. Comment faire encore mieux ? C'est un objectif éducatif.

Au Nigeria, nous avons pour objectif de promouvoir les femmes, d'améliorer leurs connaissances en agroécologie - dans quelle mesure l'égalité des sexes est-elle un thème dans votre entreprise ?

Nous avons un défi à relever, et nous ne sommes pas les seuls : trouver des collaboratrices compétentes qui veulent s'engager dans l'agriculture, dans cette branche. Nous ne sommes pas une branche où les salaires sont les plus élevés. Au sein de la Birsmattehof, nous veillons à l'égalité de traitement entre les sexes, même si nous sommes différents. Nous proposons de très nombreux emplois à temps partiel, même si cela représente parfois un défi. Dans le domaine des salaires, il n'y a bien sûr aucune différence et les postes de direction sont également occupés par des femmes.

Actuellement, on sent que les clients économisent justement sur les produits bio et durables en raison de la hausse des prix. Que faut-il faire, selon vous, pour sensibiliser les consommatrices en Suisse ?

Nous avons besoin de plus de courage pour considérer le changement vers un mode de vie durable comme un gain et non comme une perte. Les médias pourraient nous aider à moins exploiter les peurs et à montrer des exemples positifs. La Suisse, en particulier, offre une quantité incroyable de choses durables et belles à sa porte. Pourquoi ne parvenons-nous pas à ce que les consommateurs* perçoivent mieux leurs propres intérêts ? Beaucoup souffrent du trafic routier, du bruit, des particules fines et des gaz d'échappement. Mais qui est vraiment tributaire de la voiture pour faire ses courses ?
Au lieu de ne regarder que le prix d'un produit, il faut considérer la consommation dans son ensemble. Qu'est-ce qui est sain pour moi ? Comment puis-je contribuer à une vie attrayante dans mon quartier, dans mon village ? Par exemple en allant au magasin du coin, au bistrot du village ou même au restaurant gastronomique de la région. Dans le sens : les gens, maintenant nous devons changer quelque chose, faisons-le. Avec plaisir, créativité et optimisme. Sans trop de peur ni de jérémiades.
L'éducation est un mot clé pour la sensibilisation nécessaire. Il faut de l'information, dans les écoles, dans la formation des adultes. Et des cours de cuisine orientés de manière à ce que nous puissions continuer à nous nourrir en Europe dans 50 ans, sans que cela se fasse au détriment de la nature ou des personnes qui sont aujourd'hui particulièrement menacées par les conséquences du réchauffement climatique. On peut aussi cuisiner des plats délicieux avec des produits simples, pas toujours avec des ingrédients exclusifs ou préfabriqués par l'industrie - même avec des enfants. Notre alimentation nous accompagne tout au long de notre vie, mais combien nous y prêtons peu d'attention !

Entretien : Séverine Fischer, Mission 21

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